Langues et réécritures du récit

Langues et réécritures du récit

di Claudio Vinti – 22/09/18

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Articolo di approfondimento per la sezione Letteratura de

Il Cortile di Francesco 2018 : Differenze – programma generale e biglietti in www.cortiledifrancesco.it

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Le titre n’est pas sans raison, en fait, dans son acception la plus vaste et la plus ancienne, le récit n’est rien d’autre que la présentation orale ou écrite d’événements réels ou imaginaires [c’et la définition du TLFi].  A laquelle j’ajouterai aussi « une présentation par images » [je pense au cinéma]. Dans la tragédie classique le récit est la narration détaillée, faite par un personnage, d’événements passés qui ne sont pas présents sur scène, mais qui sont importants dans le déroulement du drame. Cependant, toute lecture ou écoute, tout écrit n’est rien d’autre qu’une réécriture personnelle d’un récit relaté ou d’un événement auquel nous avons assisté. À tout moment, à toute occasion, nous réécrivons la réalité qui nous entoure. Nous nous emparons des récits des autres qui deviennent les nôtres. Suivant nos goûts, notre culture, nos désirs et inclinations, nous devenons les auteurs et les protagonistes de ces récits. La réécriture est donc une pratique quotidienne que chacun de nous fait même sans le vouloir. Réécrire, c’est donc interpréter, réinterpréter, critiquer, parodier ou accepter. Une pratique quotidienne qu’on peut faire oralement, à l’écrit, par images ou même par une attitude précise. Nous, les mortels ordinaires, ne pouvons que réécrire, interpréter ou réinterpréter les intuitions des écrivains, des poètes, des artistes, qui profitent d’un souffle que j’ose définir divin et parviennent à exprimer des sentiments qu’on appelle « éternels ». C’est le cas de Tahar Ben Jelloun, qui dans La Punition arrive à transformer des événements réels, vécus en première personne, en un hymne à la liberté reconquise. D’ailleurs, La Punition, comme le dit très bien la publicité de l’Éditeur Gallimard, nous impose une réflexion sur la fragilité de la liberté. Au Maroc des années 60 du siècle passé, à une époque où le Pays souffrait d’un manque de liberté à cause d’un régime très autoritaire, 95 étudiants, y compris l’auteur, sont punis sévèrement pour avoir osé manifester pacifiquement dans les rues des grandes villes marocaines. Une punition atroce pour des intellectuels, soumis pendant 19 mois à tout genre de maltraitements physiques et psychologiques, dans les mains de soldats analphabètes et brutaux ayant la haine des intellectuels. Un faux service militaire qui cachait la réalité de l’animosité d’un régime intolérant contre toute forme d’opposition. Une espèce de rééducation qui connaissait, à la même époque, des excès infernaux au Cambodge de Pol Pot ou dans La Chine maoïste. Un vrai calvaire qui nous fait réfléchir à notre époque sur d’autres formes de prévarication et de violence pas nécessairement physiques, pratiquées quotidiennement dans notre société des années 2000. La Punition de Tahar Ben Jelloun est là pour nous appeler à la dénonciation des injustices. Il n’y a qu’à réécrire de façon personnelle…

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